Katmandou était le repère des hippies dans les années 1970. Nul doute que s’ils y retournaient, ils ne reconnaîtraient plus cette ville de paix. Une grande partie des temples, construits en bois, a été balayée par le tremblement de terre d’hier. Même la tour de Dharhara, construite au XIXe siècle a succombé au séisme. Plus dramatique, de nombreux touristes étaient dans cette tour de 9 étages, haut lieu du tourisme népalais, quand elle s’est écroulée.
Secousses ressenties jusqu’au Pakistan
Il était aux alentours de midi lorsque les premières secousses ont été ressenties. Pris de panique, nombre d’habitants de Katmandou sont sortis de leurs maisons pour s’éloigner des bâtiments. Mais la force du séisme a eu raison de nombre d’entre eux. Plusieurs centaines de personnes ont été prises au piège des gravats. «Tout a commencé à trembler. Tout est tombé. Les murs le long de la rue principale se sont écroulés. Les grilles du stade national se sont effondrées», raconte un habitant de Katmandou. La catastrophe a coupé tous les moyens de communication. L’accès à la ville par les voies rapides est contrarié. L’aéroport de Katmandou est fermé «pour raison de sécurité» indique son directeur. Les secours auront donc du mal à acheminer leurs forces au cœur de la capitale népalaise.
La fondation Architectes de l’Urgence s’attend à un bilan en pertes humaines très lourd : «il y a probablement eu d’importants glissements de terrain et des effondrements de maisons proches de l’épicentre, vu les modes de construction utilisés au Népal». L’électricité et l’eau courante ont été coupées, a indiqué l’association britannique Oxfam. Ses responsables se «préparent à apporter de l’eau potable et des denrées de première nécessité».
Ces secousses, les plus fortes depuis près d’un siècle, ont été ressenties jusqu’au nord de l’Inde ainsi qu’au Bengladesh et au Pakistan. L’Inde a assuré que près de 40 personnes avaient été tuées par ce tremblement de terre. D’après les sismologues, l’ampleur de la catastrophe serait due au fait que l’épicentre du séisme ne se trouvait pas en profondeur. Seulement à 15 kilomètres. Aussi l’onde de choc s’est développée jusque dans les pays voisins.
D’après des spécialistes de l’Institut physique du globe à Paris, «ce séisme se situe dans une zone très active. Des équipes françaises travaillent dans cette région depuis longtemps et on avait plus ou moins vu ce séisme comme manquant dans l’histoire sismologique à long terme. Il est dans l’ordre des choses», déplore Yann Klinger sur l’antenne de RFI. Mais l’analyste insiste surtout quand aux risques des prochaines répliques. La première secousse a déjà fragilisé une grande partie des bâtiments. De nouvelles pourraient avoir raison de ces derniers et les mettre définitivement à terre. De nombreuses associations humanitaires avaient, elles aussi, appelé les autorités vers plus de pédagogie envers la population.
L’ambassade des Pays-Bas n’a pas résisté aux secousses. Alors qu’une réception se tenait en l’honneur de la fête nationale néerlandaise, une piscine s’est vidée. «Tout d’un coup toute l’eau est sortie de la piscine et a trempé tout le monde, les enfants ont commencé à hurler», raconte une responsable de l’ambassade.
Seul internet fonctionne
Hier soir, la majorité des 800 000 habitants de Katmandou ont dormi dehors. «Tout le monde craint une réplique du séisme cette nuit, et personne ne veut risquer d’être écrasé dans son sommeil. Beaucoup de gens se sont réfugiés sur la pelouse de la base militaire de la ville», expliquait l’un de ces habitants. Hier soir, le réseau téléphonique était coupé. Seul internet parvenait à fonctionner dans certains quartiers récents de la capitale népalaise.
Chronologie
l 11 h 56 (heure locale) – A l’heure du déjeuner les premières secousses sont perçues au Népal. Mesuré une première fois à une magnitude de 7,5, le tremblement de terre est réévalué à 7,8 par l’Institut américain de géophysique.
l 12 h 08 – Très vite l’épicentre du séisme est situé à 68 kilomètres au nord-ouest de Katmandou. Dans la capitale, de nombreux édifices sont détruits dont la tour de Dharhara, tour blanche surmontée d’un minaret de bronze, bâtie au XIXe siècle.
l 12 h 50 – Les secousses du séisme ont été ressenties jusqu’en Inde, au Bengladesh et en Chine. Selon les médias népalais, les secousses ont duré entre 30 secondes et deux minutes. En Inde, à New Delhi, plusieurs immeubles ont été évacués. Le Premier ministre indien Narenda Modi, lance un tweet : «Nous sommes en train de réunir davantage d’informations et nous nous efforçons de venir en aide à ceux qui ont été touchés, chez nous et au Népal».
l 13 h 33 – Les premiers bilans font état de la mort de plusieurs centaines de personnes. Dès les premières secousses, la population s’est précipitée dans les rues. Certains ont été ensevelis par la chute de bâtiments voisins. En fin de soirée, les secours ont déjà répertorié plus d’un millier de morts.
l 17 h 38 – Le printemps est la plus grosse saison des alpinistes. Dans les refuges, certains parviennent à donner des nouvelles. Plusieurs avalanches ont emporté une partie des refuges. On parle déjà d’une dizaine de morts dans l’Himalaya.
l 17 h 48 – L’agence de presse Chine Nouvelle annonce la mort de 13 de ses ressortissants dans la région du Tibet, dont une femme de 83 ans. Le Népal décrète l’état d’urgence et demande l’aide de la communauté internationale.
l 20 h 40 – Le groupe de secours catastrophe Français de Villeneuve d’Asq envoie une première équipe de sapeurs pompiers. Envoyez vos dons à www.gscf.fr
L’aide internationale s’organise
L’aide internationale s’organise rapidement, même si les nombreuses agences humanitaires peinent encore à mesurer les besoins sur place.
«On essaie d’évaluer l’ampleur de la catastrophe», explique un responsable de l’ONG Médecins du Monde, qui dispose d’une équipe au Népal, mais qui doit faire face aux difficultés d’accès sur la zone sinistrée alors que la plupart des télécommunications ont été coupées dans la région.
Des volontaires et du personnel de la Croix-Rouge au Népal s’affairent à assister les secours pour rechercher d’éventuels survivants et administrer de l’aide aux blessés.
«La banque du sang de la Croix-Rouge à Katmandou approvisionne également les installations médicales de la capitale», a-t-elle indiqué, précisant que ses stocks dans le pays étaient «limités» et qu’elle allait mettre à contribution ses bureaux de Kuala Lumpur et de Dubaï.
Les communications, l’électricité et l’eau courante ont été coupées, a indiqué l’ONG Oxfam qui «se prépare à apporter de l’eau potable et des denrées de première nécessité», selon la directrice de son bureau au Népal, Cecilia Keizer.
L’ONG Action contre la Faim a également indiqué avoir envoyé dans les zones touchées des équipes «afin d’évaluer l’ampleur des dégâts et des besoins».
Les États-Unis ont annoncé l’envoi d’une équipe de secours et le déblocage d’une première enveloppe d’un million de dollars pour venir en aide aux victimes, a annoncé l’agence américaine d’aide USAID.
La Norvège a de son côté promis 30 millions de couronnes (3,5 millions d’euros) à l’aide humanitaire, précisant que le pays «pourrait contribuer davantage lorsque nous en saurons», a indiqué le ministre des Affaires étrangères Borge Brende.
La France prête à aider
Le président russe Vladimir Poutine a exprimé ses «condoléances» au président du Népal, Ram Baran Yadav, tout comme le président chinois Xi Jinping qui a indiqué vouloir lui «offrir de l’assistance».
Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, s’est dit «bouleversé», ajoutant que «l’Allemagne se tient prête à faire tout ce qui est en son pouvoir pour apporter son aide dans ces heures graves».
Le président François Hollande a déclaré que la France était prête à «répondre aux demandes de secours et d’assistance» que le Népal pourrait lui adresser.
Très vite en France, une cellule de crise a été mise en place au Quai d’Orsay qui a «activé le centre de crise pour répondre aux demandes concernant les Français se trouvant dans la zone du séisme», a notamment souligné François Hollande.
Romain Nadal, le porte — parole du Quai d’Orsay insistait sur la mobilisation des moyens français. «Notre ambassade à Katmandou est mobilisée pour venir en aide aux Français résidant ou voyageant au Népal, avec l’appui de notre ambassade à New Delhi» déclarait-il.
Un numéro d’urgence a été mis en place : 01 43 17 56 46.
300 000 touristes en séjour dans le pays
Outre les 30 millions d’habitants, les autorités doivent également gérer les quelque 300 000 touristes étrangers qui se trouvent actuellement dans le pays, dont environ 1 000 au camp de base du mont Everest, en partie enseveli sous une avalanche.
Une gestion rendue compliquée par les très nombreux dégâts enregistrés sur place.
Une partie du camp de base a été ensevelie sous une gigantesque avalanche déclenchée sur le Mont Pumori, a 9 km de l’Everest.
«Nous ne disposons pas encore des détails, mais la mort de dix personnes a été rapportée jusqu’à présent, dont (celle) d’alpinistes étrangers», a déclaré hier soir Gyanendra Kumar Shrestha du ministère népalais du Tourisme .
Dix morts au moins «y compris des grimpeurs étrangers» mais le bilan pourrait s’alourdir dans la mesure où ce camp accueillait ces jours-ci plus de 1 000 personnes, a-t-il également annoncé.
«Nous avons été pris dans le tremblement de terre sur l’Everest. Nous sommes tous les deux OK… Il neige ici, aucun hélicoptère ne peut arriver jusqu’ici», a écrit dans un SMS la directrice du bureau de l’AFP au Népal, Ammu Kannampilly, qui était en reportage sur place au moment du tremblement de terre.
Des morts parmi les alpinistes de l’Everest
Les médecins du camp de base étaient à l’œuvre pour «sauver des vies», a indiqué le médecin et alpiniste Nima Namgyal Sherpa sur sa page Facebook.
Sur Twitter, un alpiniste roumain chevronné habitué de l’Hymalaya, Alex Gavan, a confirmé que le camp de base avait été frappé par «un violent séisme», suivi d’une «énorme avalanche». Il a expliqué avoir du sortir en courant de sa tente pour rester en vie. Plus tard, il a indiqué qu’il y avait «beaucoup de morts» et «encore plus de blessés gravement touchés.
Sur Twitter toujours, des alpinistes présents aux camps de base n°1 (à quelque 700 mètres de dénivelé au-dessus du camp de base) et 2 confirment qu’ils sont sains et saufs.
L’alpiniste britannique Daniel Mazur qui se trouve au camp n°1 a quant a lui indiqué que le chemin les reliant au camp de base, passant par des cascades de glace, était bloqué.