Les droits de l’homme mal en point au Cambodge
Posté par cercletibetverite le 4 avril 2015
Les droits de l’homme mal en point au Cambodge

Trois ONG ont présenté un rapport officieux alarmant, à mille lieues du tableau idéalisé dressé par l’organisme d’Etat chargé de faire le bilan des libertés individuelles.
Quatre morts : c’est le bilan de la répression d’une manifestation d’ouvriers du textile, à Phnom Penh, en 2014, détaillé dans le «shadow report» rédigé par trois ONG sur la situation des droits de l’homme au Cambodge. Trente-six ans après le départ des Khmers rouges, la démocratie n’est toujours pas une évidence pour le royaume. Alors que le Comité cambodgien pour les droits de l’homme, émanation du gouvernement, a présenté, avec dix ans de retard, un rapport idyllique aux Nations unies, à Genève, le 18 mars, la Fédération internationale des droits de l’homme et deux ONG cambodgiennes ont remis de leur côté à l’ONU un rapport alternatif aux conclusions lapidaires.
Pourquoi un «shadow report» ?
Le Comité cambodgien pour les droits de l’homme (CHRC), créé en 1998 par le gouvernement, est particulièrement critiqué pour son incapacité à enquêter sur les violations impliquant des personnes riches ou influentes. Son directeur, Om Yentieng, également à la tête de l’unité anticorruption, est un proche conseiller du Premier ministre Hun Sen, au pouvoir depuis trente ans, et un membre important du Parti du Peuple cambodgien.
Que dénonce ce rapport alternatif ?
L’enquête souligne l’état déplorable des droits de l’homme au Cambodge, «la corruption endémique, la violence systématique contre ceux qui critiquent le gouvernement, l’assassinat d’activistes et de journalistes», et un système judiciaire inféodé au gouvernement royal. Le rapport décrit des traitements inhumains en prison, ainsi que de nombreux cas de torture. Selon les ONG, l’Etat continue d’emprisonner les mendiants, les handicapés mentaux, les prostituées, les sans-abri ou les drogués, et de tolérer le travail des enfants. Plus de 500 cas d’esclavage sont aussi rapportés, notamment du fait d’intermédiaires cambodgiens fournissant des domestiques ou des ouvriers à l’Asie du Sud-Est ou envoyant des femmes en Chine pour être fiancées de force.
Des cas précis sont-ils rapportés ?
Par exemple, en novembre 2014, un jeune homme a été tué de trois balles par des policiers alors qu’il s’enfuyait à vélo lors d’une descente dans un cercle de jeu clandestin. Aucune enquête n’a été ouverte. En octobre, un journaliste enquêtant sur l’exploitation forestière illégale a été tué par un soldat et deux policiers. En juillet, un garçon de 19 ans a été abattu par un soldat parce qu’il cultivait un lopin de terre appartenant à un officier.
Comment ont réagi les experts de l’ONU à la présentation du rapport officiel ?
Devant le tableau édulcoré qui leur était brossé par la délégation d’Etat, ils ont réclamé, en vain, des explications sur les multiples cas de violations des droits de l’homme qui leur avaient été rapportés par les ONG. Phnom Penh est invité à présenter la preuve, d’ici un an, que les multiples recommandations onusiennes seront suivies : protection des minorités et des enfants, abolition de la torture, transparence de la justice, liberté d’expression, prévention des violences sexuelles, égalité hommes-femmes, droit de manifester, etc. Prochain rapport en 2019.
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