Pour Amnesty, « nous traversons la crise la plus grave depuis la Seconde Guerre mondiale »
Posté par cercletibetverite le 25 février 2015
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Pour Amnesty, « nous traversons la crise la plus grave depuis la Seconde Guerre mondiale »
Par Catherine Gouëset publié le 25/02/2015 à 07:19
La multiplication des conflits armés a fait 50 millions de déracinés, selon le rapport annuel d’Amnesty international publié ce mercredi. L’affaiblissement de nombreux Etats a creusé le lit d’une multitude de groupes armés responsable d’une recrudescence des violences.

© Amnesty International
L’année 2014 est une année particulièrement noire en matière de droits humains. C’est le constat du que fait Amnesty international à l’occasion de la sortie de son rapport annuel ce mercredi. Il met notamment en relief la montée en puissance des violences exercées par les groupes armés non étatiques, dans au moins 35 pays: Boko Haram, au Nigeria et les Shebab en Somalie, ainsi qu’une multitude de groupes affiliés à Al-Qaïda ou à l’organisation Etat islamique (EI) au Sahel, en Libye, en Irak, en Syrie, dans le Sinaï ou au Yémen.
Au total, la multiplication des conflits armés a fait 50 millions de déracinés, selon l’ONG. « Il s’agit de la crise la plus grave depuis la Seconde Guerre mondiale », a constaté Geneviève Garrigos à l’occasion de la conférence de presse organisée pour la présentation du rapport 2014 de l’ONG.
Sauvagerie et crimes contre l’humanité
Amnesty a notamment souligné le niveau record de la sauvagerie des groupes armées en Afrique et au Moyen-Orient, qui « infligent des ‘châtiments’ tels que des exécutions publiques, des amputations et des flagellations pour punir ce qu’ils considèrent comme des transgressions de leur version de la loi islamique ». L’EI fait régner la terreur, exécute sommairement des membres de l’armée régulière, des minorités -plusieurs centaines de Yézidis en août), des musulmans chiites (plusieurs centaines de détenus de la prison de Badouch près de Mossoul, en juin) et tous ceux qui s’opposent à lui, tels les 320 membres de la tribu sunnite de Albu Nimr en Irak, en octobre.
Au Nigeria, les massacres de Boko Haram ont pris une ampleur sans précédent en 2014. « Certains de ces actes constituent des crimes contre l’humanité ou des crimes de guerre », selon Amnesty, qui cite les 393 villageois tués à Gamboru Ngala, le 5 mai dernier, ou les près de 600 civils de Gwoza assassinés le 6 aout.
« Ces groupes ont proliféré face à des Etats défaillants », relève Aymeric Elluin, chargé de la campagne Armes et Impunité au sein d’Amnesty international. Pour l’ONG, dont une partie des missions est de documenter les violations des droits humains, de recueillir des témoignages et d’apporter un référentiel juridique à ces abus, la tâche est particulièrement complexe dans les zones de conflit aux mains de ces groupes. L’association renonce souvent à se rendre sur le terrain. Elle recourt au témoignage à distance, ou aux images satellites, comme l’a fait Amnesty à l’occasion du massacre de Baga au Nigeria, en janvier dernier.
Face aux violences des groupes armées, constate le rapport d’Amnesty, « beaucoup de gouvernements ont réagi de manière tout aussi brutale et aveugle, par des arrestations et des placement en détention arbitraires et massifs, ainsi que des exécutions extrajudiciaires ». « Non seulement la réponse des Etats ne résout rien, mais elle concourt le plus souvent à faire monter les tensions, déplore Aymeric Elluin: la répression, souvent disproportionnée et aveugle, et l’absence de tout respect du droit international, l’ajout de plus de violence à la violence. » Dernier exemple, après le meurtre de 21 Coptes par l’EI en Libye, l’Egypte a bombardé un fief du groupe armé, faisant des victimes civiles dont un enfant. « Non seulement ces politiques ne résolvent rien, ne protègent pas les populations, mais elles créent les conditions de la radicalisation des victimes de ces représailles, et favorisent le recrutement des groupes armés. »
« Après la les horreurs de la Seconde Guerre mondiale, on avait dit ‘plus jamais ça », ajoute Aymeric Elluin. Aujourd’hui, les grandes puissances sont témoins de violences massives avec dans leur sillage, une crise sans précédent de réfugiés, mais leur réponse – ne voir qu’une partie des victimes, fermer leurs portes aux réfugiés, soutenir les régimes iniques à l’origine de ces désordres- ne font qu’aggraver ce désordre.
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